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ÉDITO d’Eric Berton,
Président d’Aix Marseille Université,
Président de la Fondation A*Midex
Avec la naissance de Marseille Immunology Biocluster (MIB), une révolution dans le domaine de l’immunothérapie est désormais en marche en France.
MIB n’est pas seulement un lieu où les avancées en immunopharmacologie sont imaginées, c’est aussi un lieu où elles seront réalisées, grâce à un modèle ambitieux qui fait converger la science, l’excellence académique, la recherche clinique, le monde industriel et les pouvoirs publics. C’est là toute la force du projet MIB : être un catalyseur d’innovation en lien avec les entreprises mais aussi un facilitateur et animateur de réseau pour accélérer l’émergence de nouvelles thérapies à
base d’anticorps au bénéfice des personnes malades, améliorer les diagnostics grâce à des anticorps ciblés et repousser les limites de l’innovation en santé.
Chercheurs, chercheuses, praticiennes et praticiens hospitaliers, industriels, investisseurs, étudiants, étudiantes, et pouvoirs publics bénéficieront de conditions optimales pour accélérer la recherche translationnelle et clinique en immunologie, en se concentrant sur quatre aires thérapeutiques : oncologie, infectiologie, maladies auto-immunes et maladies inflammatoires.
Les domaines du diagnostic et des medtech seront également
des champs explorés dans le cadre du biocluster.
Notre approche pragmatique, avec pour objectif la mise au point de nouveaux outils diagnostiques et de thérapies innovantes, confortera Marseille comme centre de référence mondiale de la recherche en immunothérapie et contribuera directement au rayonnement scientifique de la France à l’international.
L’ensemble des membres fondateurs et partenaires de MIB sont aujourd’hui très fiers de voir se concrétiser ce projet fédérateur pour notre écosystème de recherche, avec, dès 2025, l’accueil de projets d’avenir sur nos différents sites.
Entretien avec Daniel Olive.
Responsable Scientifique et Technique de Marseille Immunology Biocluster,
chef de l’équipe « Immunité et Cancer» du CRCM,
professeur d’Immunologie et responsable du programme d’enseignement Oncologie Recherche d’Aix Marseille Université.
Pourquoi l’immunotechnologie est-elle aujourd’hui considérée comme « révolutionnaire » ?
L’immunologie, la science qui étudie le système immunitaire, est une science en constante évolution. C’est une science récente mais les
concepts, eux, sont très anciens (nous savions depuis longtemps, pour la peste ou la variole par exemple, que les personnes qui avaient été contaminées ne le seraient pas de nouveau).
Depuis 2010, l’immunothérapie, la thérapie s’appuyant sur le système immunitaire, connaît un essor considérable. La principale innovation réside dans les possibilités thérapeutiques (les médicaments) et bien sûr, la compréhension progressive des mécanismes.
Les outils thérapeutiques, qu’on appelle des anticorps monoclonaux, sont très récents.
Les anticorps sont naturellement capables de reconnaître des déterminants de pathogènes. Ils sont également capables d’agir en nous, c’est pourquoi nous pouvons en faire des médicaments.
Nous sommes désormais en mesure, par des techniques moléculaires de génie génétique, d’en faire des outils de diagnostic ainsi que des outils
thérapeutiques. Ce sont ces outils qui sont considérés comme révolutionnaires mais surtout qui véhiculent un espoir considérable pour des millions de personnes malades à travers le monde.
Comment agissent ces anticorps ?
Les anticorps monoclonaux sont des anticorps qui reconnaissent un seul antigène, une seule cible. Ces anticorps ont comme caractéristiques
d’être non seulement uniques, mais ils peuvent être produits à l’infini. Ce sont de véritables médicaments mais aussi des outils de détection.
Cette avancée technologique a ouvert la voie à beaucoup d’éléments thérapeutiques. L’autre point de nouveauté en cancérologie, c’est d’avoir
pu constater que ces médicaments anticorps monoclonaux pouvaient être dirigés contre des cibles. Ces potentialités, nous savons aujourd’hui les utiliser mais pas complètement.
Nous nous sommes rendu compte que pour certains cancers du poumon réfractaires à la chimiothérapie, à la chirurgie ou à la radiothérapie, l’immunothérapie pouvait être efficace. Ce qui a donné un espoir et une direction (totalement inattendue) : à partir d’un cancer, de nombreux
cancers peuvent être contrôlés par cette immuno-modulation.
Autre caractéristique potentiellement contre-intuitive de l’immunothérapie : le système immunitaire est situé partout dans l’organisme.
Il est au contact de tous les tissus et de toutes les cellules. Cela sous-entend que potentiellement, il peut agir contre quasiment tous types de
pathologies affectant un tissu. Ainsi, beaucoup de pathologies issues de tissus peuvent être contrôlées, ce qui distingue l’immunothérapie
d’autres traitements. Le spectre peut aller de la leucémie jusqu’à certaines tumeurs solides, ce qui est un peu surprenant pour la communauté
médicale. Et cela change profondément les concepts, même thérapeutiques : je fais partie de la génération de médecins qui ont commencé avec des traitements très lourds en chirurgie ou en chimiothérapies prolongées. Et ces dogmes sont en train de changer progressivement. La question est désormais : comment être le moins
invasif possible, en respectant les tissus et les individus.
Comment MIB va aider à développer ces outils thérapeutiques ? Et pour
quelles pathologies ?
L’outil anticorps est un produit assez versatile.
On peut l’utiliser pour empêcher un virus pathogène d’entrer. On peut disposer d’anticorps qui vont cibler une cellule cancéreuse ou
immuno-moduler des maladies auto-immunes. L’idée était donc de concevoir une sorte de hub, pour créer des outils médicamenteux
immunologiques autour de ces concepts, avec des projets qui peuvent venir de toute la France, de la Pitié-Salpêtrière à Paris, ou encore de
Toulouse ou de Brest. MIB va ainsi s’intéresser à l’oncologie mais également aux maladies infectieuses, aux maladies inflammatoires et
aux maladies auto-immunes. Il existe donc un spectre de pathologies large sur lesquelles on peut imaginer utiliser ces agents thérapeutiques et de plusieurs façons.