Une thérapie cellulaire innovante contre les cancers du sein triple négatif

En cette période d’Octobre Rose, dédiée à la sensibilisation au cancer du sein, une avancée prometteuse vient de voir le jour au CRCM - Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille.

Marseille, 23 novembre 2025 – Sous l’impulsion du Pr Daniel Olive et du Dr Marc Lopez, une équipe de chercheurs a développé une nouvelle génération de cellules CAR-T capables de cibler avec une grande précision la protéine Nectine-4, exprimée dans plusieurs tumeurs solides, notamment dans certaines formes agressives de cancer du sein.

Objectif : proposer une alternative thérapeutique aux patientes en impasse, en particulier celles atteintes de cancer du sein triple négatif, un sous-type encore difficile à traiter aujourd’hui.

Parmi les chercheurs engagés dans ce projet : Alexandrine FAIVRE, ingénieure spécialisée en immuno-oncologie. Après des débuts chez Sanofi Genzyme, elle a rejoint l’équipe du CRCM où elle développe des cellules CAR-T de nouvelle génération.

Depuis 2025, elle exerce au sein de la plateforme Cell-Scale de MIB.

Aujourd’hui, c’est elle qui nous présente les coulisses de cette étude prometteuse, récemment publiée.

Alexandrine, en quoi consiste cette nouvelle stratégie thérapeutique et pourquoi s’inscrit-elle dans une avancée majeure contre certains cancers du sein ?

« Nous avons développé une thérapie basée sur des cellules CAR-T, capables de reconnaître et de détruire les cellules tumorales exprimant la protéine Nectine-4. Cette protéine est présente dans plusieurs tumeurs solides, dont celles du sein, en particulier dans les formes triple négatif.

Ce type de cancer est souvent diagnostiqué chez des femmes jeunes, il progresse rapidement et répond mal aux traitements actuels. Or, avec nos CAR-T de nouvelle génération, nous ciblons de manière ultra spécifique les cellules malades, tout en épargnant les cellules saines, en particulier celles de la peau. »

Quelle est la particularité de cette cible, Nectine-4, et que représente-t-elle dans le paysage des traitements actuels ?

« Nectine-4 est déjà ciblée par un traitement existant : l’enfortumab vedotin (EV), utilisé chez les patients atteints de cancer urothélial métastatique. Ce médicament a montré des résultats encourageants, mais il provoque aussi des effets secondaires importants, notamment des toxicités cutanées, car la Nectine-4 est aussi exprimée dans les cellules de la peau, et une résistance.

Notre objectif était donc de dépasser cette limite, en concevant un anticorps spécifique qui ne reconnaît la Nectine-4 que sur les cellules tumorales. »

Quels résultats avez-vous obtenus dans vos études précliniques, notamment dans le cadre du cancer du sein triple négatif ?

« Nous avons testé nos CAR-T dans des modèles dérivés de lignées cellulaires, mais aussi dans des modèles issus de patientes (PDX), pour refléter au mieux la réalité clinique. Dans tous les cas, nous avons observé une régression tumorale significative, y compris dans des tumeurs résistantes à l’enfortumab vedotin sans toxicité sur la peau.

C’est très encourageant, car cela montre que notre approche peut représenter une solution pour les patientes en impasse thérapeutique. »

Vous évoquez une technologie de pointe utilisée dans la conception de vos CAR-T. Pouvez-vous nous en dire plus ?

« En effet, pour introduire le CAR dans les lymphocytes T, nous avons utilisé un vecteur lentiviral pseudotypé par une enveloppe de babouin. Cela a permis d’augmenter fortement l’efficacité de transduction, c’est-à-dire la capacité à modifier les cellules immunitaires.

Résultat : une réponse anti-tumorale plus robuste et plus durable, même dans les modèles exprimant peu de Nectine-4. »

En quoi cette recherche s’inscrit-elle dans une dynamique collective et dans l’élan d’Octobre Rose ?

« C’est un projet soutenu par la SATT Sud-Est, qui repose sur un travail d’équipe au CRCM, en collaboration avec de nombreux partenaires.

En ce mois d’Octobre Rose, nous sommes particulièrement fiers de pouvoir contribuer, à notre échelle, à l’espoir de nouvelles solutions thérapeutiques pour les patientes atteintes de cancer du sein. Nos travaux ne sont pas qu’une avancée scientifique, ils portent une dimension humaine forte, tournée vers les besoins réels des malades. »

Alexandrine Faivre, ingénieure spécialisée en immuno-oncologie

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